Nolan avait rejoint sa fille l’air éteint. Mais sa fille lui avait rapidement remis du baume au cœur. Bien sûr il avait gardé pour lui, les retrouvailles avec sa mère et il avait été soulagé quand il comprit qu’elle n’avait pas du tout réagit au médecin qui s’était occupé d’elle. La seule chose qu’elle l’avait faite, c’était de se plaindre de son retard. Il était donc heureux d’avoir écourté ses retrouvailles avec Caitlin. Si Lucy avait débarqué, il ne savait pas du tout comme il aurait réagi. Il se voyait mal lui cacher la vérité encore plus avec Caitlin. Il ne savait pas les réactions qu’elle pourrait avoir face à sa fille. Quand il s’était retrouvé seul, il s’était assis à son bureau d’un air désespéré. Holly était à côté de lui. Le chien était couché dans ses pieds. Il ne pouvait pas nier que c’était une présence, mais il l’a trouvé assez pesante vu que le labrador n’avait pas trouvé mieux que de se vautrer sur ses pieds. Nolan avait ouvert un tiroir. Il en avait sorti son alliance qu’il déposa sur le bureau. Il l’observa un temps, malgré les années passées elle n’avait pas perdu de son éclat. Il l’avait toujours gardé, il ne savait pas pourquoi, peut etre par attachement avec le passé. C’était d’ailleurs la seule chose qui l’avait gardé. Les photos…il n’en avait plus, il les avait donnés à Lucy et il ignorait ce qu’elle en avait fait. Mais le pire c’était surement les souvenirs. Cette maison en était bourrée. Ce bureau… c’était la chambre de Caitlin. Celle qu’elle avait habitée pendant quelques années. Ils avaient passé du temps ici, et surtout de très beaux moments. Et bien qu’il ne soit pas très porté sur le passé. Il devait avouer que vivre ici était difficile parce que bien souvent ça lui rappelait Caitlin, mais Lucy était heureuse de vivre ici et puis c’était pratique, pas de loyers, la maison était grande. Il fit tourner la bague entre ses doigts, l’observant d’un regard qui avait perdu son éclat. Nolan ne savait pas vraiment ou il en était. Mais il savait que l’avoir revu avait réveillé quelque chose qui pensait perdu. Il sortit son portable, pas d’appel. Il aurait espéré ne pas éprouver un sentiment de déception. Il aurait préféré ne plus rien ressentir mais c’était impossible. Il l’avait toujours aimé. Et le fait qu’elle soit devenue amnésique lui donnait juste envie de se détester pour ne pas l’avoir cherché pour ne pas avoir tenté de la retrouver pour sauver ce qu’il avait. Il avait été idiot…lâche et maintenant il en payait le prix d’une façon assez brutale. Il posa la bague et referma le tiroir pensant refermer ainsi une page de sa vie.

Les jours passèrent mais il ne cessait de penser à elle et pire il rageait de ne pas avoir au moins un appel. Elle aurait quand même pu le recontacter au moins pour Lucy. Mais rien, RAS. Nolan avait du mal à diriger. Il avait même eu plusieurs fois envie de se rendre à l’hôpital pour lui dire sa façon de penser mais il s’était retenu en se disant qu’elle devait surement avoir besoin de temps. Autant vous dire qu’il était exécrable et que la plupart de ses collègues avaient compris que pour le moment il était mieux de ne pas lui adresser la parole.

Assis dans la salle commune, il était en train de ronchonner une fois de plus. Rha pourquoi avait-elle du revenir dans sa vie. Quoique non, elle n’était pas revenue dans sa vie, c n’était pas elle, mais plus une espèce de… Cailtin étrangère. Bien décidé à l’oublier, il éteint son portable d’une façon quelque peu dédaigneuse. « Qu’elle reste ou elle est »

« Nolan, y a une femme pour toi » Le sourire quelque peu sous-entendu du pompier lui donna envie de le frapper mais il se retint… Il n’allait pas calmer ses nerfs comme ça. Il se contenta de se dépêcher à sortir. Bien sur, pas besoin de réfléchir à l’identité de la personne. Un sourire (léger) se posa sur son visage tandis qu’il la rejoignait. « J’ai commencé à croire que tu n’allais jamais venir »

Ce matin-là, Lucy s’était réveillée en avance, si bien qu’elle avait évidemment réussi à réveiller son père. Il était très rare qu’elle se réveille avant l’heure, il ne fallait pas trop lui en demander. Nolan avait fini par s’extirper de son lit pour se rendre dans la cuisine. Lucy était assise sur un tabouret qui donnait sur un bar. Elle avait la bouche pleine, les yeux rivés sur un magazine consacré au star du cinéma et aux films qui allaient pas tarder à sortir en salle. C’était un moment simple mais c’était pendant ces moments-là qu’il se rappelait de tout ce que Lucy avait apporté dans sa vie et quand il y pensait, il ne pensait jamais à Caitlin, il pensait juste au bonheur qu’il ressentait à être père et rien de plus. Depuis le moment ou il avait appris l’existence de sa fille à l’état d’un simple fœtus, il avait commencé à l’aimer et son amour n’avait jamais cessé de grandir. Il ne l’avait jamais regretté qu’importe les difficultés, il avait toujours fait face. Lucy l’avait forcé à grandir à devenir plus adulte. Ensemble ils avaient passés de nombreuses épreuves, le père et la fille étaient liées, très liées. Leur relation était paternelle mais dans le fond elle avait aussi un coté assez amical. Lucy n’osait pas le dire à son père mais elle était fière d’être sa fille. Quant à sa mère Lucy n’en parlait pas. Pour elle et comme pour Nolan, le mot mère signifiait abandon. Lucy avait hérité de caractéristiques de sa mère mais elle avait vécu toute sa vie avec son père et elle s’était donc forgée un caractère par rapport à celle-ci. Lucy n’avait pas le pardon facile, encore moins quand il s’agissait d’une personne proche. Quand ses amies lui parlaient de sa mère, elle se contentait de dire que celle-ci était morte. Autant dire que pour Lucy l’histoire était bien terminé. Nolan connaissait le point de vue de fille. Il ne l’avait jamais poussé à détester sa mère, mais Lucy avait vécu chaque jour avec un père désillusionné vivant dans une colère sourde. Malgré tous ses efforts, Lucy n’avait pas été dupe. Nolan aurait peut être aimé être plus fort, mais il n’en était pas capable. Le fait qu’ils soient fusionnelles causait pas mal de problèmes. En particulier pour ses relations avec les femmes. Lucy ne supportait pas que son père fréquente quelqu’un. Aucune n’était jamais assez bien à son gout et elle savait le faire comprendre. Nolan avait donc laissé tomber l’idée de trouver une mère pour sa fille. Celle si semblait préférer leur vie solitaire. Lucy observa son père du coin de l’œil. « Tu vois quelqu’un ? » dit-elle sur le ton d’un interrogatoire. Entre eux c’était une règle… Pas de mensonge « Non » répondit-il. Cela semblait lui convenir pour le moment vu qu’elle attrapa ses affaires, direction l’arrêt de bus un peu plus loin.

Lucy s’était bien le centre de toutes ses préoccupations. Il n’allait pas pouvoir lui mentir encore plus longtemps. Il allait devoir lui donner une réponse. Savoir si sa mère voulait reprendre contact ou pas. Hélas, cette décision n’était pas dans ses cordes. Bien sûr, il aurait pu ordonné à Caitlin de se tenir loin d’eux, de ne jamais s’approcher de Lucy et prendre un avocat pour obtenir la garde, mais il n’était pas comme ça. Il ne pouvait pas faire ça ni à Caitlin ni à Lucy. Nolan fut assez déçu, elle semblait encore plus à l’ouest que lorsqu’il l’avait rencontré. Il se demanda un instant si elle était comme ça tous les jours.. ça devait être d’un ennui. « Tu es la mère de ma fille, et si je te vois c’est juste pour elle » En effet , il n’avait finalement rien d’autre en tête. Bien sur qu’il avait encore des sentiments pour elle, mais c’était fini depuis longtemps et puis il n’avait pas envie de se torturer pour ça. La situation lui convenait finalement assez bien.

« Non, je dois etre la en cas d’intervention » Nolan n’allait pas s’éloigner, hors de questions, les autres n’allaient pas l’attendre. Quand la vie de quelqu’un est un jeu, toutes les secondes ont leur importance. « Suis moi » Il se tourna, passa à travers la caserne avant de pousser la porte de son bureau. « Assied toi ». Il attrapa une bonbon qui se trouvait dans une poche au milieu de la table et lui fit signe de se servir si elle désirait. « Bon alors pourquoi tu es venu ? »

Avec le temps et surtout le besoin de trouver un emploi, il avait fini par opter pour l’option Pompier. Il avait dû mettre de côté l’idée de devenir acteur quand la jeune femme était tombée enceinte. Il avait trouvé quelque casting et contrairement à ce qu’il pensait, ça ne marchait pas si mal. Cependant avec un bébé , il ne pouvait plus se permettre de rêvasser. Durant la grossesse de la jeune femme, il avait donc fait plusieurs petits boulots. Après son départ, il avait fui de Philadelphie. Au départ, pendant les premières années de vie de sa fille. Il ne savait pas trop ou aller, ni quoi faire. Par chance, son père était toujours derrière lui et ce qui lui versait régulièrement lui permettait de vivre en s’occupant pleinement de Lucy. Il n’aimait pas l’idée d’être dépendant, mais au moins il pouvait offrir à Lucy, une vie digne. Lucy avait à peu près 5 ans quand il se rappela d’un de ses rêves d’enfants : Devenir Pompier. Il fut surprit d’arriver rapidement à obtenir un poste dans une caserne. Le fait qu’il n’ait jamais arrêté le sport avait été pour lui un véritable atout. Il avait réussi tous les tests, dont le fameux test de la planche. Par la suite il avait pris en expérience. Nolan aimait son métier, mais il n’y vouait pas sa vie. Il aimait sauver des vies, mais il aimait vivre sa vie et il ne concevait pas que l’on puisse vivre comme Caitlin. Vivre que pour son travail ? Cela devait laisser présager un problème. D’une certaine façon ça vous couper de toutes relations sociales. Nolan n’avait jamais voulu s’enfermer. Même après le départ de Caitlin, il avait eu envie de vivre, de rencontrer de gens, de continuer à sortir. Bien sur le comportement de Nolan, son caractère ne le rendait pas très amical, mais il avait trouvé assez d’ami pour que la vie lui semble moins lourde.

Depuis le retour de Caitlin dans sa vie , si on pouvait appeler ça un retour, il ne cessait de faire machine arrière. Mais malgré tout, il ne regrettait pas complètement sa vie. S’il en voulait à Caitlin ? Bien sur que oui. Et même si elle n’avait peut etre pas eu dans l’idée de partir pour ne jamais revenir, elle était partie. Nolan avait mis du temps à ne plus voir l’image de la jeune femme claquant la porte pendant que lui tenait Lucy en proie à une crise de larmes. Car malgré tout, malgré les années, il en était resté sur le même point. Elle ne voulait pas de cette vie, Lucy était un enfant de l’amour mais elle n’était pas désirée…pas par sa propre mère et si leur histoire avait continué Lucy aurait surement été dans une situation bien pire que la situation actuelle. Abordé le sujet de leur fille restait assez épineux pour lui. Surtout quand c’était elle qui commençait. Il se renfrogna. « Elle va bien » Rien de plus à ajouter, Lucy était une enfant comme les autres, elle avait juste une histoire qui était assez lourde pour une enfant de son âge.

Nolan ne savait pas trop ou elle voulait en venir, mais si elle était là c’était surement positif. Il ne connaissait rien à l’amnésie. Pour lui c’était assez abstrait et il ne se sentait pas armé pour lutter. Il pouffa d’un air assez dédaigneux. Il ne voulait pas le vexer, mais s’était un peu trop pour lui. Il était un fait déclencheur. Etrange… Il ne voyait pas en quoi il pouvait aider vu qu’il n’était surement pas un de ses meilleurs souvenirs. Bref il était assez retentissant… Il ne savait pas vraiment si il avait envie qu’elle se souvienne ou pas. Oui, il ne savait tout simplement pas ce qu’il voulait. Un sourire amusé se posa sur son visage, comme quoi elle réussissait à l'adoucir. 'Alors comme ça je suis une sorte de remède magique"
Il se demanda un temps si il devait répondre ou ignorer la question, mais s’il avait décidé de l’aider. «Dans les couloirs du lycée après que je sois sorti du bureau du directeur parce que tu avais décidé de tester mes sentiments en embrassant Thomas. On se tournait autour depuis quelques temps »

Nolan attrapa la poche de bonbons, après tout elle ne semblait pas décidée à se servir. Ce n’était pas son cas, il appréciait particulièrement les sucreries, sa fille avait réussi à le contaminer. La situation restait délicate. Nolan était toujours sur un fil ne sachant pas vraiment sur quel pied dansé. La jeune femme semblait perdue, cela ne l’aidait pas, au contraire ça le perdait lui aussi. En fait, bien qu’elle lui ressemble, elle ne lui rappelait pas la femme qui l’avait aimé. Caitlin n’avait jamais été très vive mais là c’était tout bonnement à s’endormir. De toute façon, il n’était surement pas prêt à avoir un avis positif sur la jeune femme. Au contraire il était plutôt en train de chercher tous les défauts qui pouvait lui trouver, il était d’ailleurs assez doué pour ça. Il s’était cependant adouci, mais ça en restait la. Car en fait il avait l’impression d’être en face à une étrangère. Peut-être que si il avait appris plus tôt l’état de Caitlin les choses auraient été plus facile, mais au bout de 14 ans les souvenirs disparaissent ne laissant que de brefs idées très vague. Elle avait beau ressemblait à la femme qui voulait épouser des années plutôt, elle ne l’était pas ou elle ne l’était plus. Et puis elle n’était pas non plus la mère de sa fille. Si elle n’était pas capable de se souvenir du moment où elle lui avait donné la vie, des mois ou elle l’avait porté, elle serait surement incapable de l’aimer réellement. Pour le moment Lucy n’était qu’une gamine comme tous les autres et Cailtin était loin de pouvoir prendre le rôle de sa mère. Et puis, ils étaient bien tous les deux, il n’avait pas envie que les choses changent. Un sourire amusé se posa sur son visage en pensant de la sorte, il pensait exactement comme Lucy l’aurait fait.

Il reprit cependant le fil de la conversation, bien qu’il ne comprenne pas trop ou cela pouvait le mener. C’était plus elle qui avait besoin d’aide. Elle était encore incapable de savoir quoi faire pour Lucy et hors de question que Nolan dise à sa fille qu’il avait retrouvé sa mère mais que celle-ci l’avait oublié et qu’elle était encore plus perdue qu’elle. Oh que non, Lucy avait besoin d’une certaine stabilité, pas d’un mère amnésique. Il se sentait assez horrible de penser ainsi, ce n’était pas très sympathique encore moins ouverts, mais il voulait protéger Lucy et c’était la seule chose qui comptait pour lui, il n’y avait rien d’autre. Il la protégeait depuis sa naissance et ça n’allait pas changer de sitot. « Vu que tu as passé tes dernières années en ma compagnie, c’est normal que j'en fasse partie» En effet, il était finalement dans les évènements les plus récents de sa vie avant son accident. Rien de très surprenant finalement. Il se contenta de hausser un sourcil quand elle affirma que c’était lui. Dire qu’ils en arrivaient là, c’était pitoyable. Il s’enfonça dans sa chaise, et avala rapidement un bonbon avant de continuer le récit. « Au lycée, tu étais originaire de la ville mais tu n’es pas née ici, tu es revenue vers 16 ans, par chance ou malchance tu es tombé dans ma classe. Tu étais tout ce que je détestais et j’étais tout ce que tu détestais. On a du faire un exposé ensemble, je crois que c’était la première fois de ta vie ou tu n’as pas eu la moyenne » un sourire amusé se posa sur son visage puis il reprit. « Ta mère et ma mère étaient des amis d’enfances. Quant ta mère a eu des soucis financiers, ma mère lui a proposé de venir vivre chez nous, ce qu’elle a fait et on a été obligé de cohabiter »

Nolan n’était pas vraiment dans l’optique de la reconquérir. C’était surement une des premières idées qu’on pouvait se poser en le voyant en compagnie de la jeune femme. En fait ce n’était pas une idée envisageable pour Nolan. Disons qu’il était devenu hermétique à l’amour à partir du moment où elle lui claqua la porte au nez. C’était une histoire qui avait fait son temps et Nolan n’était pas prêt à subir une autre déconvenue. Il avait mis du temps à se reconstruire, et maintenant que leur vie avait retrouvé une certaine stabilité, il n’avait pas envie de détruire tout ça. C’était tellement étrange comme situation, il avait l’impression de ne pas la reconnaitre. Du coup ils semblaient l’un l’autre face à un inconnu, ça les mettait sur un point d’égalité. Le plus dur c’était de contenir les souvenirs qui contrairement à Caitlin envahissait son esprit. Il se souvenait de tout, il avait juste fini par accepter ses souvenirs à les aimer, parce qu’ils avaient tous deux vécus des moments extraordinaires et malgré sa rancœur, il ne voulait pas tout oublier, pas ces bons moments. La retrouver le ramener donc dans cette époque bénite ou tout leur semblait réalisable ou rien n’était impossible. Ensemble ils étaient forts, ils pouvaient franchir des montagnes et rien n’y personne ne pourraient les séparer. Hélas, vous connaissez la suite. Nolan en avait encore plus sur le cœur quand il pensait que ce qui les avait séparer, c’était tout simplement leur fille. Et finalement c’était là que naissait toute sa haine toute sa rancœur. Sa mère lui avait expliqué que souvent les jeunes mères rentraient dans une sorte de dépression mais Nolan n’avait pas pu l’accepter. A la fin de leur histoire, il avait eu l’impression de vivre avec une ombre et bien qu’il tente de l’aider il s’était retrouver face à un mur. Un mur qu’il était incapable de franchir. Il s’était senti minable et il l’avait encore plus détesté pour l’empêcher de lui venir en aide. Alors quand elle ne réapparut pas, il ressentit pendant un instant, un étrange sentiment de soulagement. Il s’en voulu aussitôt, mais l’absence de la jeune femme signifiait aussi la fin de ses angoisses. Par la suite, il combla le manque par le travail, par les sorties, par les amis, et bien sûr grâce à sa fille. Il aurait tellement aimé etre plus fort, et maintenant face à Caitlin, il se sentait complètement minable. Mais hors de question pour Nolan de le montrer, c’était pour lui reconnaitre ses erreurs, son orgueil surdimensionné et bien sur ses torts, mais il en était incapable. Peut etre aurait-il pu réussir si il se trouvait en face de la femme qui l’avait aimé, mais pour le moment ce n’était qu’une coquille vide. Du moins pour lui. Il ne doutait pas de l’horreur de la situation pour la jeune femme. Il ne savait pas si il agissait dans son sens. Peut-être devait-elle continuer sa vie et ne pas se sentir obligé de prendre un chemin qu’elle ne désirait pas. Malgré tout Nolan ne souhaitait que son bonheur. La voir malheureuse était loin d’être facile. Il avait envie de la serrer dans ses bras pour lui dire que tout allait s’arranger, mais Nolan n’était plus le garçon de l’époque… Il avait perdu du courage, de la volonté, une part de lui. Il resta quelques temps silencieux à la question de Caitlin. Il avait toujours adoré la mère de la jeune femme et parler de sa tombe n’était pas facile pour lui. « … Dans le cimetière de la ville » Le silence s’installa, Nolan n’aimait pas cette ambiance lourde, c’était désagréable. « Je suis vraiment désolée que tu es appris ça comme ça. Je t’ai vraiment aimé Caitlin, on s’est vraiment aimé même si tu ne t’en souviens pas. La vie en a décidé autrement, mais ces années restent inoubliables » Comme le dit une chanson…On oublie jamais rien…on vit avec.

Nolan finit par porter sa main sur un crayon qu’il se mit à faire tournoyer dans un rythme régulier. Il était assez habitué à jouer ainsi avec ce genre d’ustensile. Reste immobile n’était pas pour lui. Il n’était pas un homme de conversation. Bien au contraire, le plus souvent il se taisait, écoutait les autres parler et donner son avis à la fin d’une manière qui laissait peu de place à la conversation. Il était donc en terre inconnue sur un sol assez glissant. La situation lui paraissait tout à fait invraisemblable. A vrai dire, il ne savait pas comment situer leur relation et il ne savait pas du tout comment se situer par rapport à cette histoire. Il n’avait pas envie de continuer comme ça pendant des mois en tout cas, ça devenait de plus en plus compliqué et surtout d’une certaine façon douloureux. Nolan n’avait pas fait tout ça pour se mettre à pleurer son passé. En fait, il n’avait pas envie de sombrer dans les ennuis passés. Il s’était habitué à sa vie de père célibataire et le retour de la mère de Lucy sonnait un peu pour lui comme la fin de partie de sa liberté. Il n’aurait jamais du lui donner son numéro de téléphone et encore moins lui indiquer la caserne. Quel idiot…. Il se réconforta en se disant que de toute façon elle aurait trouvé leur adresse dans le dossier de sa fille. Il n’avait donc aucune échappatoire et il devait affronter cette nouvelle épreuve. Nolan se demandait bien ce qui pouvait pousser la vie à lui donner encore une épreuve à surmonter. Pour le moment il n’en voyait meme pas l’intérêt il voyait juste un gros tas d’ennui lui pendre au nez. Tout aurait été bien plus facile si il avait été en mesure de revoir en elle quelque chose de la femme qui l’avait aimé. Mais rien n’en elle n’indiquait l’ancienne Caitlin. Il avait l’impression de se retrouver devant une sorte de mère porteuse. L’idée lui déplaisait, il s’en voulait pour penser ainsi, mais c’était hélas la vérité. Il aurait aimé lui etre d’une meilleure aide, mais rien ne semblait vouloir aider Caitlin à se souvenir et peut être étais ce mieux ainsi. Il avait vécu une belle histoire, celle-ci était terminée, entre eux, il n’y avait plus rien que leur fille mais pour le moment Caitlin semblait plus intéresser sur leur histoire que sur leur fille. Nolan ne pouvait s’empecher de penser à sa fille, à la façon dont il allait pouvoir le lui dire. Il avait peur de sa réaction et il avait raisons, ses craintes n’étaient pas infondés. Lucy risquait de très mal prendre la nouvelle. Elle avait toujours vécu dans l’absence de sa mère, mère qu’elle s’était mise à détester et c’était ce qui l’avait aidé à passer a autre chose. Avec le temps elle avait accepté l’idée que sa mère préfère une autre vie. Elle n’avait pas accepté qu’elle disparaisse du jour au lendemain et qu’elle les laisse comme on abandonne un chien devant les grilles de la Spa. Mais elle avait surmonté cette étape et elle vivait finalement très bien avec son mère. Retrouvée une mère amnésique risquait donc de la faire chuter et Nolan ne laisserait pas cela arrivé. C’était hors de questions. « C’était une belle histoire, mais toute histoire a un fin, j’aurais surement apprécié que la nôtre soit plus… comment dire plus. Adulte… Non je ne l’étais pas, je voulais devenir acteur, j’enchainais les Castings et les petits boulots puis Lucy et arriver et j’ai trouvé un emploi stable. C’est quand tu es parti que j’ai fini par trouver ma voie. »

Dans ce monde, il y a des moments clés, des moments qui décident de la suite de votre existence. Ce sont des moments charnières, des moments que vous n'oublierez jamais car ils vous marquent comme aucun autre. Le départ de Caitlin faisait partit de ces moments pour Nolan. Le bruit de la porte qui claque, le regard qu'elle lui jeter, encore aujourd'hui il se souvient même de l'odeur du café qui avait envahit la pièce après qu'il ai échappé sa tasse. Disons que devant la situation, il avait oublié de bien resserrer ses doigts sur la tasse préférant répondre à la jeune femme. Ne pas s'apitoyer sur son sort, ne pas pleurer, ne pas avoir pitié. C'était ainsi qu'était Nolan, il n'était pas de ceux qui s'apitoyer sur tout parce que c'est comme cela que l'on dois faire. Nolan était quelqu'un de bien plus libre. Ses émotions étaient décrites par ce qu'il ressentait et non par ce qu'on voulait qui ressente. Les émotions se développent de façon différentes, selon le ou la protagoniste. Notre histoire nous aide à les contrôler, à les vivre d'une façon qui nous est propre. Nolan n'est pas quelqu'un sans émotion, bien au contraire. Dans cette caserne, il est sûrement une des personnes les plus émotives. Mais Nolan n'aime pas qu'on s'apitoie sur son sort, cela l'ennuie, cela le fruste et cela l'emmerde profondément. Que les gens aillent nettoyer devant leur porte avant de venir voir chez les autres. Après le départ de Caitlin, il s'était bien entendu retrouvé seul face à de nombreuses bonnes âmes désireuses de lui venir en aide. Nolan refusa toujours leur aide jugeant qu'aucun d'eux n'était apte à vraiment l'aider et puis il n'avait pas spécialement besoin d'aide. Nolan n'était donc pas le genre de personne qui aimait se retrouver de l'autre coté. Il aidait les gens quand il le désirait mais il n'était pas du genre a dire «  c'est bien, continue comme ça, »oh que non, il était plutot du genre à leur rentrer dans les plumes pour qu'ils arrêtent de s'apitoyer sur leur sort. Rien n'est facile dans la vie et ce n'est pas en pleurant sur sa vie qu'on peut avancer. Regardez un peu autour de vous, le malheur est partout,il y a toujours pire que vous...toujours. Bien sur il sait aussi reconnaître les moments ou il faut apporter son soutien d'une façon plus tendre. Mais plus la conversation passée, plus il avait envie de lui dire qu'il ne pouvait lui être d'aucun secours. Il n'était pas magicien, il ne pouvait pas lui ramener ses souvenirs comme l'aurait fait harry potter. Quoiqu'ayant toujours détesté cet abuti à lunette, il ne sache pas vraiment si cela est possible. Comment pouvait elle dire qu'elle l'avait aimé en l'ayant oublier. Elle n'en savait rien, elle pouvait imaginer croire qu'elle l'avait aimé, rien ne pouvait vraiment etre sur. Enfin, il se dégoutait lui meme pour continuer à ressentir autant de dépit et de désintérêt. Cela lui montrait a quel point la haine l'avait envahit. Le plus difficile s'était de la voir aussi gentille...Elle ressemblait à un animal sans défense qui tentait de se frayer un chemin pour sauver sa peau. Bref, c'était étrange comme situation et Nolan commençait à se dire de plus en plus qu'elle n'avait rien à faire là tant qu'elle sera aussi …. pas elle. En fait elle était revenue tout ce qu'il avait détesté chez elle à l'époque, mais en fois 1000. ou peut etre était ce lui qui avais changé, cela ne serait pas surprenant. Il siffla entre ses dents avant de passer sa main dans ses cheveux sachant déjà qu'il allait etre très désagréable. « Je t’arrête tout de suite. A l'heure actuelle, à ce moment meme ou nous parlons, elle n'est pas ta fille. Mère ça ne s'apprend pas, lucy n'est pas un chien qu'on peut adopté ou un cheval qu'on achète en cherchant à savoir son caractère. Comment peux tu savoir que je dis vrai, rien ne peut te l'affirmer. Comment peux tu dire que c'est ta fille sans meme te souvenir du moment ou tu as appris ta grossesse, la première fois ou tu l'as tenu dans tes bras, toutes ses choses. Donc non, il n'y a rien que je puisse te dire, rien du tout, c'est comme si je parlais de ma fille à une étrangère et je ne le fais pas » Il avait la voix sèche, dure et particulièrement désagréable. Il adressa un regard vers la porte. « Tu devrais y aller »